Miroir, mon beau miroir.

Renvoyer une image qui n'est pas la nôtre. Déformée, rayée, amochée, sans éclat ? Non, ça n'intéresserait personne. Il faut la polir, l’embellir, lui redonner du brillant. En faire un peu trop, par peur que ce ne soit pas suffisant. Il faut l'orner de sa plus belle parure, la retoucher un peu, faire un joli sourire, pour la prestance.

Faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Et de dedans, l'envie de se vomir.

Ce n'est qu'une guerre d'images, de photos prises sous le bon angle, de selfies capturés au bout d'une tige. Une ribambelle de beaux mensonges.

Trop occupés à se regarder dans le miroir, il n'y a plus que l'apparence. Les apparences. Et ça nous fait des psychopathes à la gueule d'ange, des déprimés riant à outrance et des dépravés en costard cravate. Des vies qui circulent à travers des ondes Wifi, des jeux de rôle bien trop réels, des réseaux qui sont tout sauf sociaux.

Il y a de quoi se perdre, et perdre la tête (mais pas le profil).

Se sentir comme un miroir reflétant l’ego et le narcissisme ambiant. Disparaître derrière une vitre sans teint, à travers laquelle on voit tout. Mais alors, qui nous reflète ?

A travers tous ces éclats, ces images qui fusent à la vitesse de l'éclair comme des balles de ping pong, comment trouver celle qui renverra notre vrai reflet ?

Un miroir que l'on aimera plus que tout. Un miroir qui nous montrera tels que nous sommes.

Un miroir qui photographiera nos plus beaux instants et nous les rappellera, nostalgique du bon vieux temps.

Un miroir qui nous aidera a voir si clair en nous que l'on s'en tordra de douleur. La douleur d'une vérité si bien cachée, clef d'une liberté tant désirée.

Un miroir que l'on détestera parfois, tant il nous montrera notre côté le plus sombre.

Un miroir que l'on finira par briser, afin d'étreindre pour de bon, l'âme qui se cache derrière depuis tant d'année.

La liberté a un prix. Sept ans de malheur dit-on, pour un miroir brisé.

Tu en valais la peine.

Miroir, mon beau miroir, j'ai pu commencé à vivre le jour où tu m'as fait voler en éclats.